Nihad, en quête de ses origines

Nihad a eu un passé assez douloureux et cela a des répercussions sur sa vie. Tout d'abord on trouve à la page 34, juste après l'annonce par Nawal de sa grossesse à Wahab, la phrase "on nous tuera" qui montre que même avant sa naissance c’était quelque chose de négatif. A la page 40, on retrouve le moment où Nawal accouche, prend son enfant dans les bras mais doit déjà le donner à Elhame qui l’emmènera vers le sud avec elle. A la page 123, Chamseddine raconte toute la vérité à Simon: "il tentait de retrouver sa mère. Il l'a cherchée des années, sans trouver. Alors il s'est mis à rire a propos de rien. Plus de cause, plus de sens, il est devenu franc-tireur." Le fait de chercher sa mère sans jamais la trouver et d’avoir grandi tout seul lui a enlevé tout espoir dans la vie. Et c'est pour ces raisons que Nihad a eu une vie assez compliquée et jamais personne à ses cotés.


Nihad est donc à la recherche de sa mère, de sa dignité. Il possède d'ailleurs un nez de clown : « Ma dignité à moi est une grimace laissée par celle qui m'a donné la vie. » L'auteur veut montrer la rancœur de Nihad, qui se sent abandonné par sa mère, d'une façon cruelle. En effet, le nez de clown lui fait penser que sa mère s'est moqué de lui. Il dit après, toujours page 125 : « Cette grimace ne m'a jamais quitté.» Cela symbolise le fait, que tout sa vie ce personnage est hanté par le fait, que sa vie est une blague. Etant donné que rien n'a de sens il trouve normal de faire des actions folles ou meurtrières.

Plus tard il dit aussi « Je suis né avec », en parlant de son nez de clown. On peut donc en déduire que Nihad, a toujours eu le sentiment d'avoir été jugé indigne par sa mère.


Nihad a longtemps recherché cette identité perdue. En effet, nous pouvons voir que ce personnage connaît peu d'information sur son passé notamment sa naissance. « D’après l’histoire » (page 125, scène 35), indique que les seules informations de son passé dont il a connaissance lui ont été enseigné par quelqu’un d’autre. ''D'après'', est un mot invariable, une préposition servant à lier d'autres mots ici ''histoire'' en les mettant en rapport, en général cela permet de donner un caractère d’incertitude à la phrase, puisque c’est selon les propos d’un autre personnage. Ainsi ''d'après'' fait alors référence à un protagoniste lui ayant informé de ses racines filiales. Nous pouvons lire à ligne 80 de la scène 35 : ''On l'a trouvé paraît-il, dans le seau où on m'a déposé après la naissance.''. L'utilisation du déterminant impersonnel ''on'' suivit du modélisateur d'incertitude ''paraît-il'' accentue un passé méconnu de tous y compris du principal concerné. Les seules informations dont il semble disposer sur lui ne sont que des suppositions ou proviennent d’autrui. Ensuite nous pouvons voir que Nihad s'interroge lui-même ''Qu'est-ce que ça veut dire ?'' (l 86-87, scène 35). Cette interrogation vient souligner la perte de sens de Nihad, sans identité plus rien n’a d’intérêt pour lui. D'ailleurs, dans la scène 35 à la ligne 19, Nihad énonce un parallélisme, par la même syntaxe, ''Pas de cause, pas de sens ! '' sous la forme d'une phrase exclamative accentuant sa perte de raison dut à des origines qui lui sont inconnues. Origine qu’il a longtemps cherché comme indiqué, par le personnage de Chamseddine : “[Nihad] cherchait un sens à sa vie'' (page 122 scène 35). Ici l'utilisation de l'imparfait indique une action du passé dont la durée n'est pas déterminée. L'emploi du verbe ''chercher'' et de l'article indéfini ''un'', prouve que la vie pour lui ne rime à rien. Le personnage de Nihad, ne sait pas bien dans quelle direction il mène sa vie, puisqu'il dit dans la scène 35 : ''Je vais au Nord !''. Le nom ''Nord'' représente un espace géographique très vaste. En outre, Chamseddine informe le lecteur que Nihad recherche sa mère, pour connaître plus d'informations sur son identité, « [Nihad] tentait de retrouver sa mère » (page 123, scène 35). Pourtant dans la scène 31 p 109, les didascalies nous informent que dès que l'Homme annonce à Nihad [qu'il a] l'âge de [sa] mère il appuie sur la gâchette dans les secondes qui viennent. Le fait d'avoir agi d'une telle manière montre que Nihad porte un intérêt à sa mère et que la mention de cette dernière déclenche en lui des pulsions meurtrières. De la ligne 22 à 24 (scène 35), est écrit : ''Il a cherché des années, sans trouver. Alors il s'est mis à rire à propos de rien''. Le choix de l'auteur de donner un aspect quantitatif aux recherches de Nihad et de l'opposer à la préposition ''sans'', révèle que ses recherches sont sans fin et n'aboutisse pas à son objectif premier. L'adverbe ''alors'' est un connecteur de cause/conséquence révélant que la folie de Nihad est naît de sa quête d’identité qui a échoué. Le fait que Nihad, compare sa vie, à une simple arme ''my gun is like my life'' (page 115, scène 33 ligne 11), montre qu'il ne donne plus de sens à sa vie puisqu'il se compare à une arme destructrice, ce qui montre que ce personnage n'est pas stable mentalement à cause de son passé ombrageux.

La recherche de ses origines est importante pour Nihad. Savoir qui l’on est pour pouvoir se construire. Même dénudé d’humanité il n’y échappe pas. L’absence de passé est peut-être la raison l’ayant rendu fou.