JEANNE MARWAN

Jeanne est la fille de Nawal et la sœur de Simon, à la mort de Nawal  le notaire remet une lettre à Jeanne, c’est sa mère qui lui a laissé une lettre pour qu’elle retrouve son père.

Jeanne est professeure de mathématiques. Elle hésite longuement avant d’entreprendre une recherche afin de trouver son père. Elle était en conflit avec sa mère et pour elle son père était mort depuis bien longtemps...

 

Portrait établi à partir de l'étude des trois extraits suivants :

Extrait n° 1 : Théorie des graphes et vision périphérique, « Salle de cours » p26 à « Au revoir Mr Lebel » p 30

Extrait n° 2 : « Le cœur même du polygone » p 73 à 74

Extrait n°3: « La femme qui chante est morte » p 99 à « enfants jetés dans la rivière » p 101

 

Jeanne, une jeune femme rationnelle, scientifique

Le corpus nous présente Jeanne comme une scientifique , dont l'esprit est rationnel mais qui va être confronté à l'irrationnel . Ainsi , dans l'extrait 1 , Jeanne , qui est professeur à l'Université , donne une leçon d'arithmétique. On peut relever le champ lexical des mathématiques avec «  théorie des graphes , problèmes , polygone , conjecture , arcs ... » .Elle présente les mathématiques comme ayant «  pour but d'arriver à une réponse stricte et définitive ». C'est de cette manière que Jeanne a construit sa vie, par des équations qu'elle applique à la vie courante. On peut aussi le voir dans le texte n°2 où elle évoque « cette géométrie qui structurait (s)a vie », qui montre à quel point elle est scientifique et rationnelle. Dans l'extrait 1, à la page 30, elle exprime que « 1+1 ne font pas 1,9 ou 2,2. Ils font 2 » et que peu importe comment la question est posée, 1 et 1 font toujours 2. C'est une certitude mathématique sur laquelle elle se repose.

Cet esprit scientifique explique pourquoi elle est face à une grande difficulté lors de la révélation de la vérité dans le texte 3. Elle est d'abord dans une situation de déni comme le montrent les nombreuses exclamations notamment avec l'adverbe de négation « Non !» répété 6 fois dans l'extrait. Elle accumule des pseudo-preuves telles que « Nous sommes nés à l'hôpital », « Nous sommes nés l'été, pas l'hiver » ,« Il n'y avait qu'un seul enfant dans le sceau, pas deux, pas deux ! » p100. Son esprit rationnel , dans un premier temps , fait qu'elle refuse la Vérité .

Mais Jeanne est prête à remettre en question ses certitudes...

Nous pouvons découvrir dans ce corpus une jeune fille curieuse et déterminée à découvrir la vérité et comprendre qui est sa mère et quelle est son histoire. On peut nettement voir sa remise en question dans ces textes notamment dans l'extrait 2 avec « Tout cela ne sert plus à rien » faisant allusion à tout ce qu'elle a appris comme écrire, lire, compter, parler. Dans l'extrait n°1, elle utilise l'image du polygone pour désigner sa famille et dit « Je croyais connaître ma place à l'intérieur du polygone auquel j'appartiens.» insinuant ainsi que ce n'est plus le cas et qu'elle doit de nouveau chercher la place qui lui revient et qu'elle doit occuper. Cette quête s'annonce particulièrement difficile comme on peut le deviner dans cet extrait avec « il sera question de problèmes insolubles qui vous mèneront toujours vers d'autres problèmes tout aussi insolubles » ou lorsqu'elle dit à ses élèves qu'ils n'arriveront pas à dessiner le polygone. L'auteur donne un double sens à cette leçon de mathématiques afin de décrire la future quête que va mener Jeanne. Le titre du passage n°2 et la réplique de sa mère «  Au cœur même du ploygone » constituent une réponse à la question posée par Jeanne à la fin du passage : « Où m'entraînes-tu maman ? ». Son but est donc de retrouver sa mère.Jeanne se lance alors dans un voyage comme on peut le voir dans l'extrait 2 où elle dit « Je pars vers le pays ». Elle utilise la métaphore du « gouffre » dans ce passage pour désigner l'inconnu qui l'attend et dans lequel elle va « tomber tête première » p74 qui rappelle le conseil d'Hermile Lebel p30 «Il y a des fois dans la vie, où il faut agir. Plonger. ». Elle se lance alors dans une quête dont l'issue est incertaine, ce qui est contraire à son caractère habituel. Elle abandonne sa vie actuelle, au risque d'être seule comme peut le laisser penser le « pays de la solitude » dont elle parle dans le texte n°1,. Elle fait aussi allusion aux « gens de (son) entourage » qui ne comprennent pas cette attitude qui consiste à tout abandonner et qu'ils jugent « inutile ». Ce sont ces gens-là qu'elle s'apprête à quitter en particulier son frère Simon , à qui elle téléphone dans le second extrait : « Simon, je t'appelle pour te dire que je pars ».

Jeanne, une jeune fille à la recherche du "secret de sa naissance"

Ainsi, la pièce retrace le parcours initiatique de cette jeune fille qui doit retrouver son père pour comprendre sa mère, son silence et comprendre qui elle est, elle-même .Dans le premier texte, elle pense que son père est mort ( ce qu'elle réaffirme dans le dernier extrait ) mais ce n'est qu'une hypothèse qu'elle doit aller vérifier car elle n'a « pas vu son cadavre , pas vu sa tombe ». Dans le deuxième extrait , elle annonce à Simon qu'elle va « essayer de retrouver ce père (...) et lui remettre l'enveloppe ». Au final, elle comprend qu'il est cet «  autre frère » et le «  bourreau » de sa mère , que un plus un peut faire un ! Sa quête vise aussi à comprendre pourquoi sa mère a arrêté de parler. Dans ce corpus , on fait allusion à son silence que Jeanne écoute comme on peut le voir dans la didascalie finale du texte 2 : « Jeanne (…) introduit une nouvelle cassette et recommence à écouter le silence de sa mère. ». Jeanne comprend que sa mère leur a caché toute une partie de son histoire qu'elle finit par reconstituer. En remontant aux sources, elle découvre la vérité sur sa naissance : elle apprend qu'il y avait bien deux bébés dans le seau, qu'elle ne s'appelle pas Jeanne comme le lui dit Malak : « Tu es Jannaane ! » et qu'elle et son frère sont « les fruits de la femme qui chante (...) nés du viol et de l'horreur ». Cette découverte bouleversante pour elle dans le 3ème texte est extraite de la partie qui porte le titre Incendie de Jannaane . La vérité éclate ; elle avait besoin de savoir qui était réellement son père, pourquoi sa mère s'était tue : elle les a retrouvés, elle est remontée au secret de sa propre naissance, comme le dit Malak et on peut penser que cette découverte va changer sa vie et son être, comme elle l'annonçait dans le premier extrait à ses étudiants faisant des mathématiques pures : « Votre manière de parler changera et, plus profondément encore, votre manière de vous taire et de penser. »