Lettre des jumeaux à Nawal


Maman,

Est-ce que tu pleures ?

Est-ce que tu souris ?

Si tu pleures ne sèche pas tes larmes

Comme tu me l’as appris

Si tu souris ne retiens pas ton rire

Comme tu l’as appris à Jeanne

Le silence est une corde autour du cou

Et tu es morte ainsi

A présent, il faut continuer à vivre

Se relever, et vivre

A présent, nous ne sommes que deux

Jeanne et Moi

Tes jumeaux, et ceux d’un bourreau

Mes larmes coulent

Et je ne les retiendrai pas

Doucement elles coulent

Doucement je m’écroule

Maman, les paupières lourdes

Pourquoi une guerre est née

Entre une mère et sa fille

Toi et ta mère

Toi et moi

La mort n’arrête pas l’amour

J’ai cherché la vérité

Elle était enfouie

Dans un pays dont je connaissais

Seulement le nom

Et pas les massacres qu’il couvrait

J’ai trouvé la vérité

J’ai pleuré la vérité

Tu couvrais la vérité

J’ai compris que 1+1

Était égal a 2

Et que parfois les calculs

Se montrent trop compliqués

Maman,

Nous sommes prêts à vivre

À vivre avec ton secret

Qui au fil du temps

Deviendra le nôtre.

 

Jeanne et Simon

Jannaane et Sarwane