Les indications scéniques dans les trois dernières scènes :                                                     "Lettre  au père", "Lettre au fils" et "Lettre aux jumeaux"


Ces trois scènes contiennent très peu de didascalies, ces mêmes didascalies se ressemblent dans la forme mais c’est l’addition de ces trois lettres qui présente un dénouement intéressant.

Pour comprendre ce texte il faut connaître l’histoire car beaucoup d’analyses nécessitent de savoir ce qu’il s’est passé précédemment.

 

Nihad va être tout d’abord jugé en tant que père de ses enfants, sous le nom d’Abou Tarek dans la scène 36 qui s’intitule « Lettre au père ». Jeanne va lui donner la lettre et pourtant on voit, à la ligne 3, que le personnage qui parle est Nawal quand elle est âgée de 65 ans, ce saut dans le temps ne cherche pas cette fois à rendre l’horreur plus douce mais bien à la donner telle que Nawal la ressent au moment où elle écrit.

Pourtant c’est Nihad qui va finir la lecture. On voit aux lignes 33 et 34 « Nihad finit la lecture de la lettre. Il regarde Jeanne et Simon. Il déchire la lettre. ». Le fait d’utiliser le pronom personnel « il » deux fois d’affilée donne un effet de neutralité à l’action. C’est cet effet qui montre que Nihad se désintéresse complètement de la situation et dévoile à nouveau sa monstruosité.

Dans la scène 37, intitulée « Lettre au fils », on trouve une opposition avec la scène précédente, car c’est Simon qui va donner la lettre cette fois-ci. Cette lettre est moins violente dans les propos qu’elle utilise mais vient appuyer l’horreur déployée par la première. Ici il n’est pas précisé que Nihad lit, ligne 1 « Simon donne son enveloppe à Nihad, qui l’ouvre », contrairement à la première didascalie du chapitre 36, celle-ci ne change pas grand-chose au contenu du texte.

En revanche, les dernières didascalies de la scène apportent bien plus, ligne 72 à 75 « Nihad finit la lettre. Il se lève. Jeanne et Simon se lèvent et lui font face. Jeanne déchire toutes les pages de son carnet de notes ». Cette didascalie, assez longue, montre deux partis opposés d’un côté Nihad et de l’autre Jeanne et Simon. L’usage de phrases courtes pour parler de Nihad montre qu’il a compris ce qu’il avait vraiment fait et induit une faiblesse, tandis que pour parler des jumeaux on utilise des phrases plus longues.

Jeanne va montrer que Nihad a perdu, à son jeu de ne s’intéresser à rien, en détruisant les pages de son carnet de notes, cela fait écho à ce que Nihad a fait à la première lettre destinée au père.

 

La dernière lettre vient poser la dernière pierre à l’édifice. En effet cette fois-ci c’est Hermile Lebel, quelqu'un d’étranger à la famille, qui remet la lettre destinée aux jumeaux, lignes 1 à 2 « Hermile Lebel ouvre la troisième enveloppe destinée aux jumeaux. » on remarque au passage que Simon ouvre une deuxième fois l’enveloppe ligne 13 « Simon ouvre l’enveloppe. » Encore une fois cette lettre est lue part Nawal, ligne 14 « Nawal….. ».

La dernière didascalie, qui est aussi la dernière chose qu’on lit, de la ligne 81 à 83 « Jeanne et Simon écoutent le silence de leur mère. Pluie torrentielle. » Cela montre bien que les jumeaux ont enfin accompli les dernières volontés de leur mère. La pluie tombe selon le présage d’Hermile Lebel, le rideau tombe sur cette pièce.

 

Ces trois scènes concluent cette pièce, les didascalies n’y sont pas très nombreuses mais elles sont fortes de sens et enfoncent Nihad dans la même horreur subie par Nawal.